La méditation de Charlie est à l’image de ses différentes passions et par conséquent sa carrière. Pour le fondateur du collectif de course londonien Run Dem Crew, l’important c’est de trouver ce qui nous aide à faire le vide. Pour lui, c’est jouer son morceau favori lorsqu’il mixe en tant que DJ, c’est enseigner à ses élèves le yoga ou c’est trouver le calme pendant ses courses en solo.
Le lien ? La respiration, le mouvement et surtout la musique. « Pour inspirer les gens à s’essayer à la méditation, il faut leur montrer que cela ne résume pas forcément à s’assoir en tailleur », dit-il. « Il existe tellement de façons différentes de méditer : courir, écouter sa playlist préférée, c’est aussi méditer même si ces pratiques ne font pas forcément parties de l’image classique que nous nous faisons de la méditation ».
C’est dans cet état d’esprit que Charlie partage ses conseils pour courir (ou marcher) en pleine conscience ainsi que ses cinq titres préférés pour bouger.
Comment as-tu commencé la course à pied ?
Je cours depuis plus de dix ans, cette discipline a une grande place dans ma vie. À la base, j’ai commencé la course à pied parce que je recherchais du changement dans ma vie. J’avais envie de vivre un mode de vie plus sain et c’était pour moi la façon la plus simple de bouger sans avoir à aller à la salle de sport, que je ne trouvais pas vraiment inclusive à l’époque.
À première vue, la méditation et la course semblent assez différentes. Comment combines-tu les deux ?
Méditer en courant c’est évidemment différent de la méditation classique : lorsqu’on court, on est dépendant de l’environnement dans lequel on se trouve. L’idée c’est d’essayer d’atteindre un état méditatif pendant la foulée afin de parcourir les kilomètres sans vraiment sans rendre compte.
Il est également essentiel de se concentrer sur les autres aspects de la course : le renforcement musculaire, la flexibilité, la nutrition et l’hydratation. La préparation mentale est également importante. Ces éléments aideront le corps à se préparer à l’effort sans trop de difficultés.
La musique est aussi très importante. Beaucoup de sportifs pensent que plus la musique est rythmée, plus l’entraînement sera intense et efficace. En réalité, même les musiques lentes peuvent avoir de l’impact. L’important ce n’est pas le tempo. Personnellement, je cours souvent avec de la musique classique ou du disco dans les oreilles.
Courir en pleine conscience, ça ressemble à quoi pour toi ?
C’est la sensation de rien. C’est tellement naturel que tu pourrais courir à l’infini. Bien-sûr, tu es conscient(e) des éléments autour de toi, mais la course paraît si légère que t’as l’impression que tout est en ta faveur.
Combien de temps ça t’as pris pour atteindre cet état d’esprit ?
J’ai dû travailler sur beaucoup de choses avant d’y arriver. Courir c’est quelque chose de naturel, donc on prend souvent certains éléments du parcours pour acquis. Par exemple, lorsqu’on parle de course à pied, c’est souvent axé autour du mouvement physique, mais pas assez sur ce que la tête, les bras et les pieds font pendant la course. La conversation tourne souvent autour de sujets comme : quelle distance peux-tu courir ? À quelle vitesse ? Pour moi, ça ce n’est pas courir, c’est regarder sa montre.
Run Dem Crew est largement axé sur la communauté. Est-ce possible d’atteindre un état méditatif quand on est en groupe ? Ou c’est plutôt une activité en solo ?
Absolument. Mes meilleurs souvenirs de méditation sont en groupe. Quand tu cours avec d’autres personnes, l’objectif principal est d’arriver à synchroniser tout le monde : que ce soit au niveau de la respiration, de la vitesse des pas, c’est une mentalité de groupe. Je dis toujours que les meilleures courses sont celles où l’on devient à l’aise avec le sentiment d’inconfort qui surgit.
Que dirais-tu à ceux qui sont sceptiques à l’idée de courir et méditer ?
Créez une playlist Spotify avec vos morceaux préférés, mettez vos écouteurs et passez du temps à l’écouter. C’est un bon début. En tant qu’ancien DJ de discothèque, je voyais souvent des gens méditer sur la piste de danse, sauf qu’on appelait ça différemment : raving. Je pense vraiment que la musique peut aider.
C’est inutile de mettre la barre trop haute dès le début. Au lieu de se dire « je vais méditer pendant 30 minutes », il faut plutôt essayer de commencer par une minute de méditation. Si c’est confortable, passer à deux minutes et ainsi de suite. C’est la même chose avec la course. Commencez par une marche de 10 minutes, et voyez comment votre corps réagit aux éléments extérieurs. Petit à petit, cette marche se transformera en course, et le rythme sera de plus en plus accéléré.
Pourquoi penses-tu que la méditation est importante dans le monde d’aujourd’hui ?
Selon moi, la méditation devrait faire partie intégrante du bien-être, particulièrement lorsqu’on traverse une période aussi incertaine qu’actuellement. Je médite parce que le monde autour de moi et la ville où je vis me met sans cesse au défi : ça me permet d’être plus calme dans mes prises de décision.
La méditation aide aussi à gérer le stress et l’anxiété. Les gens ont souvent recours aux médicaments pour gérer ces problèmes, sans prêter attention à ce qui passe à l’intérieur. C’est pour ça que c’est important, surtout pour les plus jeunes. Une pandémie c’est difficile à gérer pour un adulte, mais ça l’est encore plus pour quelqu’un de plus jeune. Si t’as dix-huit ans et qu’on t’a toujours dit qu’avec des bonnes notes et un diplôme, le monde t’appartient, tu te rends probablement compte que dans le contexte actuel ce n’est pas forcément le cas. Donc je pense vraiment que la méditation est un outil important pour gérer les aléas de la vie.
Comment peut-on rendre la méditation, dans toutes ses formes, plus accessible ?
Avec Run Dem Crew, j’ai vraiment travaillé d’arrache-pied pour rendre la course accessible à plus de monde. Avec la méditation c’est un peu plus difficile. Le monde du bien-être est résistant au changement, donc c’est difficile d’ouvrir certaines portes. Si une pratique est accessible uniquement à ceux qui en ont les moyens, alors ce n’est pas inclusif.
Mais il existe tellement de formes de méditation, comme courir ou écouter de la musique : ce sont juste des méditations différentes.
Quelles sont tes autres formes de méditation ?
En mixant en tant que DJ. C’est vraiment le meilleur sentiment au monde. Le fait de pouvoir jouer de la musique et permettre aux gens de voyager, il n’y a rien qui me rend plus heureux. Ça m’a vraiment beaucoup aidé pendant le confinement. Avec tout ce qui est incertain autour de nous en ce moment, j’encourage vraiment tout le monde à redécouvrir ses passions, surtout celles de l’enfance.
Pour finir, peux-tu partager ton top 5 de musiques à écouter pendant une course ?
- “Running” de Gil Scott-Heron
- “Occasions” de Jogging House
- “Sincere – Jazzanova Sincerely Yours Remix” de MJ Cole, Jay Dee, Nova Caspar, Jazzanova
- “Running Away” de Roy Ayers
- “It’s Alright, I feel it!
– M.A.W. 12” Mix de Nuyorican Soul
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@run.dem.crew