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5 MIN DE LECTURE

 

Pourquoi faire preuve de gentillesse envers soi-même n'est pas égoïste

 

Par Poorna Bell 

 

Pour la journaliste et auteure primée Poorna Bell, être gentille avec les autres vient naturellement, mais quand il s'agit d'être gentille envers elle-même, c'est une autre histoire. C'est là qu'elle a du mal. Poorna nous fait part de ses réflexions sur la gentillesse et nous explique comment, au fil des années, elle a appris que se mettre au premier plan est la chose la plus importante, et la moins égoïste, que l'on puisse faire.

 

La compréhension la plus répandue de la gentillesse est un acte que l'on accomplit pour une autre personne, un geste souvent accompli discrètement, sans attente de remerciements ou de récompense. Il est donc difficile de parler de ses propres actes de gentillesse sans que cela ressemble à de la frime. Mais pour moi, être gentille avec les autres est le plus facile. Il est facile de voir les besoins d'une autre personne, qu'il s'agisse d'une personne qui souffre du froid sans manteau d'hiver ou d'une personne qui a simplement besoin de réconfort ou d'être rassurée sur le fait que tout ira bien (même si vous ne savez pas si ce sera le cas).

 

Mais la gentillesse est un comportement à 360 degrés : ce n'est pas seulement une chose que nous projetons ou faisons à l'extérieur, c'est aussi la façon dont nous nous traitons nous-mêmes. Et pour ce qui est de la gentillesse dont je fais preuve envers moi-même, je sais que par le passé, je n'ai pas été à la hauteur de mon potentiel. La gentillesse, par exemple, est une question de considération pour les autres, et il y a eu de nombreuses fois où je n'ai pas pensé à moi-même. Je n'ai pas pensé à la quantité de sommeil dont j'avais besoin ni au fait que je m'engageais à aller à trop de soirées alors que tout ce que je voulais, c'était me reposer. Et bien entendu, il y a le monologue de ma critique intérieure.

 

On a tous cette voix qui nous démolit petit à petit. Elle critique, se demande si l'on est assez intelligent, assez drôle. Elle nous dit qu'on ne travaille pas assez dur, que les gens vont penser qu'on est paresseux. Lorsque vous accomplissez quelque chose, cette voix aime vous faire croire que vous ne l'avez pas vraiment mérité.

 

Cette voix est tellement ancrée au plus profond de nous-mêmes que parfois nous ne remarquons même pas qu'elle est là. Il faut travailler activement pour l'éradiquer, et lorsque l'on se met à être gentil avec soi-même, on se rend vite compte que ce n'est pas égoïste, mais que c'est en fait l'une des choses les plus vitales que l'on puisse faire.

 

Il y a quelques mois, j'étais dans une situation où j'avais contrarié quelqu'un. Cela a déclenché une spirale de pensées négatives, allant de la pensée que j'étais la pire personne au monde à la croyance que je ne valais rien et que je ne méritais pas d'avoir des amis. J'ai alors réalisé que la personne envers laquelle j'étais la moins gentille était moi-même ; il a fallu que j'en prenne activement conscience pour pouvoir commencer à changer mon comportement.

 

Sans le savoir, j'avais déjà commencé à travailler dans ce sens il y a quelques années. Je pensais auparavant qu'il était normal de travailler à toute heure et de se sentir souvent dépassé par les événements. Ou d'avoir mon calendrier personnel rempli semaine après semaine. Mais je me suis rendu compte qu'il n'était ni normal ni durable de se sentir en permanence au bord de l'épuisement. Il fallait que ça change.

 

La raison pour laquelle je dis que la gentillesse envers soi-même n'est pas égoïste, mais peut être l'une des choses les plus difficiles à atteindre, c'est qu'elle consiste en grande partie à établir des limites et à gérer son temps d'une manière qui place ses besoins et sa santé au premier plan. Si vous êtes quelqu'un d'altruiste, ou si vous avez l'habitude de vous occuper d'autres personnes, vous pouvez avoir l'impression que vos besoins ne doivent pas être prioritaires. Mais j'ai constaté à maintes reprises que si je ne suis pas gentille envers moi-même, je me trouve dans une situation de fatigue et de vide. Et ça me rend alors moins aimable envers les autres.

 

Pour moi, cela implique de refuser d'aller à certaines soirées, même si je veux vraiment y aller. Cela implique de prendre en compte mon état physique et mental et de voir ce dont j'ai besoin à ce moment-là. Ai-je besoin de plus de sommeil ? Une promenade dans le parc ? Prendre des jours de congé ? En tant que freelance, j'ai énormément de mal à m'accorder des jours de congé, mais c'est quelque chose que j'ai dû marquer dans mon calendrier pour éviter d'être dépassée par les événements. Je tiens également un journal de mes pensées et de mes sentiments, et très souvent, cela permet de faire ressortir des choses cachées au fond de moi. Mais aussi, j'écris les accomplissements dont je suis fière dans un carnet : c'est comme un acte de gentillesse envers mon futur moi, pour quand je doute de ce que j'ai fait, et de ce que je peux faire. Si je me sens dépassée, je m'accorde des pauses en coupant les notifications sur mon téléphone et en informant à l'avance mes proches que s'ils ont besoin de me contacter en cas d'urgence, ils n'ont qu'à m'appeler.

 

Tout cela signifie que je suis alors dans la meilleure position pour être gentille avec les autres, et pour savoir donner avec un cœur ouvert et plein. Si prendre du temps pour moi me permet de faire cela, alors c'est une chose qui est loin d'être égoïste, vous ne trouvez pas ?   

Poorna Bell est une journaliste primée dans la presse écrite et audiovisuelle ; elle est aussi conférencière et pratique la force athlétique en compétition. Elle a également écrit deux livres : Chase the Rainbow et In Search of Silence, et son troisième livre paraîtra bientôt.

 

@PoornaBell